Chemin dans une forêt d'automne aux couleurs flamboyantes

Pourquoi je n’ai pas écrit depuis si longtemps :

Il y a presque deux ans, j’ai créé ce site, convaincue que j’allais partager mes expériences, mes projets, mes réflexions…
Mais depuis avril 2023, silence radio.
Pas un mot.
Pas un billet.
Si vous êtes tombé ici, vous voyez un espace vide, un projet laissé en suspens.

Et si je suis honnête, c’est en grande partie parce que j’ai peur.
Peur du jugement, peur de ne pas être à la hauteur, peur de n’avoir rien d’assez intéressant à dire.

Je vis avec cette impression constante d’être « moins que ».
Pas à cause de mes handicaps (quoique…), mais à cause de cette sensation écrasante de ne pas être légitime.
C’est vrai !
Qui suis-je pour parler de voyage alors que je ne suis même pas encore partie ?
Qui suis-je pour publier des articles alors que je n’ai aucune expérience dans la gestion d’un site ?
Ce sentiment de ne pas être à ma place m’a paralysée.
J’ai laissé le vide s’installer ici, comme si ne rien dire était préférable à dire quelque chose de médiocre et non pertinent.

Je n’ai jamais eu l’impression d’être meilleure que quiconque.
Bien au contraire, des voix autour de moi m’ont souvent rappelé que je ne valais pas mieux, que j’étais même parfois pire.
On me faisait comprendre que je devais bien avoir un truc spécial à proposer, et que je n’avais qu’à le trouver. Mais je ne trouvais pas.
J’étais une déception.
Ordinaire jusqu’à preuve du contraire, comme tout le monde.
Des remarques telles que « Tu te prends pour qui ? » ou « T’as vu tes notes ? » ont fini par laisser une empreinte.

Non, je ne savais pas à 12 ans ce que je voulais faire plus tard.
En réalité, je ne l’ai jamais su.
Des années plus tard, je ne le sais toujours pas.
Je me sens minable.

Cette répétition incessante s’est incrustée dans ma tête, rendant la tâche plus difficile.
Cette petite voix qui murmure que je ne suis pas légitime est devenue une compagne qui me suit partout, comme mon ombre.
On m’a fait croire que si je n’avais pas de réponses claires dès l’enfance, c’était un signe de faiblesse. C’est écrasant, ce poids de l’illégitimité, et je me retrouve souvent à penser que je n’ai rien à offrir.
Pourquoi devrais-je prendre la parole ?
Qu’ai-je de différent ou de spécial que les autres n’auraient pas déjà mieux réussi ?

C’est comme pour le travail…
Tout le monde travaille !
Il n’y a que les fainéants et les parasites qui ne travaillent pas ! Ou alors, les personnes avec de vrais handicaps très importants…
Mais l’idée même de travailler me terrifie !
Vous n’imaginez pas.
Rien qu’écrire ces mots me force à m’ancrer pour ne pas dissocier ou faire une crise d’angoisse… Travailler, c’est la quintessence de la torture pour moi. « Personne n’aime travailler sauf de rares chanceux, mais c’est le lot de tous ; on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie. »
Travailler, c’est se mettre à la merci des autres, donner du pouvoir sur soi d’une certaine façon. C’est faire l’abnégation de soi pour l’exploitation d’autrui.
Je compte sur les doigts d’une main les patrons bienveillants que j’ai rencontrés.
Et je ne dénombre plus ceux qui ont abusé de leur position ou qui m’ont fait sentir insignifiante, espérant que j’en ferais toujours plus, sous couvert de bienveillance.
C’est insupportable.
J’en parlerai peut-être plus en profondeur, si un jour j’en suis capable.

Mes troubles sont invisibles, certains ne sont même pas officiellement reconnus et souvent incompris, mais ils font partie de moi.
De ce fait, j’ai toujours eu du mal à exprimer mes limites et à me défendre. Dans un monde qui valorise les réussites et les parcours sans faille, il m’arrive de me sentir à des années-lumière des attentes de la société.
Cela ne fait qu’amplifier ce sentiment d’illégitimité, d’infériorité.

Je parle de ce que je veux faire, mais je suis encore ici.
Assise devant mon écran.
Je n’ai pas encore fait le grand saut.
Et je me demande constamment : pour qui me prends-je ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Ne suis-je pas déjà trop et pas assez à la fois pour réaliser quoi que ce soit ?

J’ai l’impression d’être cette personne qui rêve d’aventures mais qui est encore là, figée par mon immobilisme.
À rêver de vivre ma vie sans vraiment la vivre.
À quoi bon en parler ?
À quoi bon me « vanter » ?
Quand je partage mes projets, on me dit souvent : « Commence par t’entraîner près de chez toi ! »
Parce que partir du jour au lendemain, sans expérience, avec mes particularités, c’est de la folie, n’est-ce pas ?
Mais c’est tout ce que je suis capable de faire : me jeter à l’eau, me forcer à plonger.
Sinon, je resterai pétrifiée pour toujours.
Trempant un orteil sans jamais entrer dans l’eau.
Le « petit à petit » me paralyse, car la peur finit toujours par me rattraper.

Et puis, il faut dire aussi que les rares fois où je regarde les réseaux sociaux, tout brille!
Les influenceurs nous offrent une vie parfaite et réussie.

Et moi, je suis ici, avec mes doutes, mes peurs, mes échecs.
Ce n’est pas vendeur.
Ce n’est pas attractif.
Ce n’est pas ce qu’on attend.
On veut du sensationnel, du feel-good, de la good vibes.

Pourtant, je veux commencer quand même.
Même si c’est par mes échecs.
Parce que c’est là que je suis aujourd’hui.
Je n’ai pas encore atteint mes objectifs, mais c’est ça, ma vérité.

Alors pourquoi ce premier article maintenant ?
Pourquoi rompre le silence après si longtemps ?
Parce que je dois commencer quelque part.
Même si rien n’est encore fait, même si je n’ai pas de photos de voyage à partager, ni de récits exaltants à raconter… Je peux commencer ici, avec mes doutes, mes casseroles, et ce désir de me remettre en mouvement.

Ce site, c’est mon premier pas.
C’est ma façon de dire : « Oui, je suis encore ici, mais je veux avancer. »
Je ne vous promets pas de récits parfaits ni de projets déjà accomplis.

En fait, je ne vous promets rien, en toute sincérité.

Mais je me promets une exploration, à la fois intérieure et extérieure.
Un chemin qui, je l’espère, finira par m’emmener quelque part. Et si vous le souhaitez, vous êtes libres de m’accompagner dans cette aventure.

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